Transcription de la vidéo sur le projet Rictus
Transcription texte
— Messieurs, bienvenue. Allez-y entrer. L’idée du projet qui s’appelle Rictus, c’est d’aborder la question du handicap mental, psychique, mais d’une manière un peu décalée, un peu détournée, en proposant chacune votre tour une grimace.
— Et bah, j’y vais moi.
— Je viens de faire une agréable séance photo.
— Aussi bien côté soignants que côté patients.
— Où on se libère.
— En mode de folie, en mode joie.
— On ouvre bien les yeux et on fait des grimaces.
— Ah ouais, on a du lourd là.
— On passe par tous les sentiments.
— Oui, c’est ça.
— Pour aborder le thème de la maladie mentale et psychologique sous une forme artistique.
— Ça nous a permis d’extérioriser un peu ce qu’on a à l’intérieur, de faire des grimaces.
— Ça nous a permis de nous détendre, de communiquer autrement que par la parole.
— Et là, on a, on a vu des expressions qui ressortent de l’intérieur de nous. C’est surprenant.
— Je me dis que là pour assurer le niveau, euh...
— C’est un exercice en tout cas libératoire.
— On peut faire des choses sérieuses sans se prendre au sérieux.
— Une grimace, pour moi, c’est se lâcher, oublier le regard des autres.
— De plus, avoir de code ni quoi que ce soit, être libre de pouvoir faire ce qu’on veut.
— C’est simplement jouer de la dérision et se renforcer dans la dérision.
— Pour faire rigoler tout simplement.
— Alors ça sur un mètre sur un mètre. (rires)
— Il y a aussi une idée de lâcher prise. Il y a un côté enfantin.
— On montre notre feeling quand on fait les grimaces.
— Et aussi exprimer parfois d’être heureux. En grimaçant.
— Ça peut être également utilisé pour faire rire et établir un lien social ou désamorcer une situation qui peut être difficile.
— Je pense qu’en faisant des grimaces, on se décoince juste un peu, mais on libère ce qu’on est. On n’est plus trop coincé dans les règles sociales hyper strictes.
— On peut être beau dans l’émotion.
— Beau, non ? Mais intéressant, oui. Ou peut être magnifique en étant moche. Euh... magnifiquement moche. (rires)
— Je me suis senti moche, mais dans le bon sens du terme. C’est pour ça que pour faire rire.
— Tout est question d’interprétation de toute façon.
— Handicap pour moi, ça évoque des limitations qu’on doit apprendre à accepter et peut être à essayer de contourner si possible pour faire des choses qui nous intéressent.
— Pour moi, ça évoque des difficultés que des personnes peuvent rencontrer, aussi bien physiques que mentales.
— C’est quelque chose qui ne définit pas une personne, mais qui est susceptible de définir son espace de liberté et d’autonomie.
— C’est plus des choses qui nous empêcheraient d’avancer dans la vie.
— Pour moi, c’est avant tout une différence qui peut amener certaines difficultés.
— Ça m’évoque un combat qu’il faut faire pour justement vivre avec et savoir l’accepter soi-même.
— Oui, je le suis. Et certaines personnes nous le font voir en plus.
— C’est la société, je pense, qui nous handicape au quotidien lorsqu’on a une différence. Mais je pense que cette différence, il faut en faire une force justement.
— En fait après, il suffit d’en parler avec les autres et tout, expliquer. Pourquoi ? Comment ?
— Une personne qu’elle soit handicapée ou pas handicapée, c’est une personne, c’est un humain. Il a toujours quelque chose à apporter.
— Parce que même si on a une défaillance physique ou psychologique ou autre, et on est quand même une personne à l’intérieur, et cette personne, faut la respecter.
— Le regard des gens est toujours important parce que pour partie il nous définit.
— Important, mais pas au jugement.
— On voit dans le regard des personnes, si c’est un regard sévère ou un regard sympathique, ouvert.
— Il y a certaines personnes, ils vous regardent d’un air... C’est pas gentil du tout. Je me sens mal à l’aise.
— Ce qui m’embête, c’est leurs aprioris qui ne plaisent pas.
— Alors il faut savoir aussi parfois s’en détacher.
— Si on s’arrête à ça, franchement, on vit plus, franchement on vit plus.
— Comme je le dis, savoir apprécier les gens tels qu’ils sont est une qualité.
— Alors là, c’est fort. On peut être différent, mais accepter les différences et pas faire de différence. On peut gêner, et on peut être gêné par les autres.
— Pour moi, c’est négatif puisque j’ai du mal à m’intégrer. Je me protège.
— Je suis obligée de me sentir différente des autres puisque je suis à l’encontre de la société vu le pourquoi je suis hospitalisée par exemple.
— Je crois que c’est important de se sentir différent des autres, d’essayer de se démarquer un petit peu parce que la différence, justement, est une chose magnifique qu’il faut développer.
— On a tous une singularité, on a tous une individualité.
— C’est quelque chose qui nous définit, qui nous donne une certaine empreinte à notre personnalité.
— Ça permet à chacun d’apporter quelque chose que les autres n’apportent pas.
— On se complète tous. Les différences ça permet d’apprendre aussi sur soi, sur les autres. Non, c’est indispensable, je pense même.
— J’ai adoré ce moment parce qu’il y avait beaucoup de spontanéité. Il y avait beaucoup d’humanité.
— Le message que j’ai à passer à ceux qui vont voir ma photo.
— Simplement, qu’ils rigolent sans préjugé.
— Normalement, ils vont trouver le positif. C’est toujours positif une grimace.
— Qu’ils s’éclatent quand ils me regardent et qui viennent me voir et qu’ils disent : « c’est super Karima », tout simplement, qu’ils reviennent vers moi.
— “I want to say: Be happy! That all.”
— J’ai fait cela avec du plaisir et que si ça peut rendre utile, c’est mon intérêt.
— Tout est possible et que la vie est belle. Il faut s’accrocher.
— Soyez différents, exprimez-vous, laissez court à vos émotions et profiter de la vie un maximum.
— Comme je le disais, le handicap, on ne doit pas en avoir honte et il faut apprendre à s’affirmer, à s’accepter comme on est, et à se battre.